Non aux régimes restrictifs !

"L'homme est ce qu'il mange", disait le philosophe Allemand Feuerbach.

Une petite phrase qui n'est pas dénuée de sens. Le contenu de notre assiette est en effet le révélateur de notre personnalité la plus profonde. Sabine Casanova, diététicienne et présidente de l'Association des diététiciens libéraux (A.D.L.), confirme d'ailleurs que "parler de ce que l'on mange, c'est déjà se dévoiler et c'est admettre aussi parfois, que l'on mange mal et que l'on nourrit mal ses enfants !"

Transmettre les bons réflexes alimentaires semble être une habitude qui se perd, lorsqu'on sait qu'en France, 10 % des enfants sont en surpoids. Ce qui laisse prévoir notamment une augmentation importante des diabétiques, dans les années à venir. Sans parler des problèmes cardio-vasculaires, de l'hypertension artérielle, des maladies articulaires, de l'augmentation du cholestérol, etc.

Une situation qui peut sembler paradoxale, à voir les traditionnelles Unes des magazines féminins, à l'approche de l'été. La dictature de la minceur a encore frappé en 2001. Les femmes sont une fois de plus harcelées par les régimes "vite faits bien faits", tous aussi restrictifs les uns que les autres! Les sachets de protéine, la soupe "brûle graisse", les substituts de repas… La liste des méthodes de "dégraissage" est longue et variée, mais le résultat lui, est toujours le même. Au bout du compte, s'installent les fringales, le déséquilibre alimentaire, les risques de carences, un sentiment de frustration et donc une reprise de poids généralement immédiate ! Les coupe-faim utilisés contre les "petits creux" sont eux aussi peu conseillés "parce qu'ils dissimulent la faim, une réaction organique normale, qui signale un besoin calorique", explique Mme Casanova.

Face à cette panoplie de régimes hypocaloriques standards, attrayants parce que rapides, la diététicienne rappelle que "pour être efficace, un programme nutritionnel doit impérativement être personnalisé." Selon elle, l'équilibre est à trouver en fonction de son activité, son âge, son sexe, son stress. Autant de paramètres qui diffèrent d'un individu à l'autre. Aussi, Sabine Casanova s'étonne : "Pourquoi faudrait-il que nous mangions tous la même chose ?"

Dans son cabinet situé à Versailles, cette professionnelle de la nutrition propose de suivre un programme basé sur une répartition journalière équilibrée en protéines, lipides et glucides, tout en adaptant les repas au rythme de vie et aux goûts de chacun.

Contrairement à une image reçue, la diététique n'est pas synonyme de diète. D'ailleurs, il n'est pas rare que Mme Casanova augmente le volume alimentaire d'une personne souhaitant maigrir ! Preuve qu'on ne mange pas forcément trop, mais mal. Qui sait en effet, que les glucides doivent représenter 50 à 55 % de notre apport calorique total ? Alors quelle stupidité d'éliminer de notre assiette les féculents (pâtes, riz, pommes de terre, pain), indispensables à l'énergie de notre organisme. Ces aliments sont à maintenir y compris pour les diabétiques ! " De même, en priver les enfants, c'est la porte ouverte à la surconsommation, souvent en cachette, de sucreries de toutes sortes", poursuit la responsable. Conséquence : les enfants sont amenés à suivre de plus en plus tôt un régime, notamment sur la volonté de leurs parents. Ce n'est pas la solution.

Lors de l'accueil de ses clients, Mme Casanova ne parle jamais de régime, puisque pour maigrir, il est inutile de se priver. Le tout est de savoir quoi et comment manger ! Éviter de se priver constamment, diminuerait certainement la progression de l'obésité, une des conséquences des régimes restrictifs et successifs. Certaines personnes les subissent parfois durant des années, à la recherche de la méthode miracle ! Mais pour perdre du poids, il faut prendre le temps de se remettre en question et d'adopter durablement une alimentation saine et basée sur le bon sens.

Alors essayons d'éviter les repas pris à la va-vite sur un "plateau télé", ainsi que le grignotage permanent. Quand cesserons-nous de copier les mauvaises habitudes de nos cousins d'Outre-Atlantique ? Réhabilitons plutôt la cuisine traditionnelle française, consommée à une table conviviale. Un art de vivre que l'on nous envie dans le monde entier !

Véronique Le Saux
Article paru dans le journal Bonjour